Nancy : Incendie d’antennes-relais, 4 ans dont 2 fermes pour B.

Indymedia Nantes / mercredi 19 mai 2021

Incarcéré depuis sa mise en examen le 24 septembre 2020 pour l’incendie de deux antennes relais dans le Jura durant le premier confinement, B. a été condamné aujourd’hui a 4 ans de prison dont 2 fermes.


Il a été jugé à quasi huis clos, sans avocat, avec pour seul public un journaliste et deux membres de sa famille, tandis qu’une vingtaine de personnes étaient présentes à l’extérieur du tribunal de Nancy pour montrer leur solidarité.
Une dizaine de flics sont venus spécialement pour nous empêcher d’entrer dans le tribunal, et on a eu droit à un laïus du proc sur la justice version sanitaire. Les audiences sont publiques, mais pas trop. seuls des membres de la famille peuvent parfois, « exceptionnellement » entrer. Il s’est gardé de nous dire que ça ne concerne pas les journalistes.
Le compagnon a exigé un report, désirant mieux préparer sa défense, que l’audience soit réellement publique et en présence de son avocate, qui ayant été prévenue trop tard n’a pas pu se déplacer.
Il a réaffirmé son acte et ses raisons. Nous n’avons malheureusement pour le moment pas pu avoir retransmission de ce que qu’il a dit. Le proc a demandé 3 ans et demi dont 2 fermes, les juges l’ont condamné à 4 dont 2 fermes. Pour rappel, le parquet lui avait proposé une CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité). Le deal : 3 ans dont la moitié ferme en échange de ses excuses, ce qu’il a refusé.
Il a 10 jours pour faire appel, des informations suivront.
Alors que le verdict venait d’être rendu, nous avons pu apercevoir B. entouré de matons qui l’ont mis fissa dans une voiture. Nous l’avons suivi sur quelques mètres en lui faisant entendre notre rage et nos cris de liberté
Nous ne nous étonnons pas que les juges aient choisi de refuser le report, de le juger sans la présence de public et d’avocat, d’aller au delà des réquisitions du procureur, et de renvoyer à la prison de Nancy-Maxeville notre compagnon pour de nombreux mois encore.
Ils voudraient nous voir courber l’échine et s’excuser, mais on a pas fini de se révolter !
Jusqu’à détruire la dernière des cages !

Des compagnon-ne-s de B.

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11 juin 2021 : Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et tou.te.s les prisonni.èr.es anarchistes de longues peines

Ci-dessous, nous publions la traduction en français d’un appel publié initialement sur june11.noblogs.org.


Contre une nouvelle année d’ingérence de l’État dans nos vies, contre la restriction de la libre circulation sous les auspices de la « sécurité », contre la brutalisation continue de nos ami.e.s en prison, nous appelons à un renouvellement de la solidarité le 11 juin 2021 : Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et tou.te.s les prisonnièr.e.s anarchistes de longues peines. Depuis 17 ans, le 11 juin est une occasion de célébration, de deuil et de révolte. C’est un moment pour respirer, pour se souvenir de celleux qui sont tombées et de celleux qui sont en cage, pour nous rappeler pourquoi nous restons attaché.e.s à la Belle Idée de l’anarchisme. Par nos lettres, nos manifestations, nos collectes de fonds et nos attaques solidaires, nous gardons le phare allumé pour celleux qui ont donné des années de leur vie par conviction que l’État est une horreur contre laquelle nous devons parier nos vies.

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Appel à une semaine de solidarité avec les anarchistes et antifascistes de Biélorussie du 23 au 30 novembre

Cet article est une traduction de l’article diffusé en anglais par l’ABC de Biélorussie (https://abc-belarus.org/?p=13364&lang=en). Les notes précédées par “Ndt” sont des notes de la personne qui a traduit ce texte de l’anglais au français.


Les anarchistes se sont toujours opposés à la tyrannie et à la dictature. Quelle que soit la couleur du drapeau, hissé par l’autoritarisme sur tel ou tel coin de la planète. Il n’est donc pas surprenant que les anarchistes soient activement impliqués dans le soulèvement contre le dictateur Loukachenko en Biélorussie. Dès les premiers jours, avec notre détermination et notre attitude intransigeante, nous avons montré que l’anarchisme est un mouvement révolutionnaire capable de changer le monde !

Pendant le soulèvement, beaucoup de nos camarades ont fini en prison. Aujourd’hui, au moins dix anarchistes et antifascistes sont en état d’arrestation administrative. En outre, dix anarchistes et quatre antifascistes sont en attente de procès au pénal et risquent dans certains cas jusqu’à 20 ans de prison.

Nous vous appelons vous joindre à la semaine de solidarité et à montrer par l’action votre soutien aux anarchistes et antifascistes révolutionnaires qui luttent contre le régime d’occupation de Loukachenko ! Chaque action compte !

Envoyez vos compte-rendus d’actions et d’activités à l’adresse e-mail de l’ABC de Biélorussie belarus_abc ‘@’ riseup.net.

Le soutien financier peut être envoyé via le site de l’ABC de Biélorussie (https://abc-belarus.org/?p=13136) ou la campagne de financement participatif (https://www.firefund.net/belarus).

Détails des affaires politiques

Depuis le début des manifestations, environ 40 de nos camarades ont fait l’objet d’arrestations et de condamnations au civil. Certaines d’entre elleux sont devenus par la suite des accusé.e.s dans des affaires pénales. Sans attendre leur arrestation, ielles ont décidé de quitter la Biélorussie. De nombreux militant.e.s sont maintenant contraint.e.s de se cacher des persécutions en Biélorussie et à l’étranger.

Le procès des antifascistes « MTZ-RIPO”

Les antifascistes Vitaliy Shishlov, Tamaz Pipiya, Timur Pipiya et Denis Boltut ont été arrêtés après avoir protesté contre l’inauguration secrète de Loukachenko en octobre de cette année. Environ 5 000 personnes ont participé aux manifestations à Minsk. Des affrontements de faible intensité avec des émeutièr.e.s ont eu lieu dans certains quartiers de la ville. D’après l’enquête, des antifascistes y ont pris part. En outre, deux d’entre eux ont également été accusés d’avoir organisé des émeutes.

Tous les antifascistes attendent maintenant leur procès dans le centre de détention préventive.

Le procès des anarchistes biélorusses

Le 22 octobre à Soligorsk, le bâtiment administratif de l’Institut d’État de police scientifique a été attaqué et des voitures ont été incendiées sur le parking du bureau du procureur du district de Soligorsk. Dans la nuit du 28 octobre, un bâtiment du département de la police de la circulation du district de Mozyrsky a été incendié. Bientôt, les anarchistes Ihar Alinevich, Dzmitry Dubovsky, Dzmitry Rezanovich et Sergey Romanov ont été arrêtés sur le territoire de Biélorussie, près de la frontière ukrainienne.

Les militants sont accusés d’activités terroristes et de trafic illégal d’armes et d’explosifs. À l’heure actuelle, tous sont détenus dans la prison du KGB à Minsk.

Le procès de Mikalai Dziadok

L’anarchiste et blogueur Mikalai Dziadok a été arrêté tard dans la soirée du 11 novembre dans une maison sécurisée [Ndt: “safe house” dans le texte d’origine] près de Minsk. Après son arrestation, Dedok a été battu pendant plusieurs heures et forcé de donner les mots de passe d’appareils chiffrés.

L’enquête estime que Dziadok a appelé à plusieurs reprises à des actions illégales sur ses pages Internet, y compris la participation à des manifestations et la résistance aux flics. Dziadok lui-même a été contraint de passer dans la clandestinité avant même la révolution en raison de la menace de persécution politique.

Le procès d’Igor Banzer

L’anarchiste, antifasciste et musicien Igor Banzer a été arrêté le 20 octobre à Grodno. Il a été accusé en vertu de l’article 339.1 (hooliganisme) pour une performance devant une voiture de police. Avant cela, il avait été arrêté à plusieurs reprises au cours d’actions de contestation.

Akihiro Khanada-Gaevsky, Alexander Franzkevich, Maria Rabkova, Andrei Chepiuk et Ivan Krasovsky ont également été arrêté.e.s pour organisation, participation, et financement d’émeutes. Vous pouvez en apprendre davantage sur elleux sur notre site web (https://abc-belarus.org/?cat=3).

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Campagne de financement de l’ABC Biélorussie (« Soutenons la révolution en Biélorussie ! »)

Article initialement paru sur rebellyon.info. Version originale en anglais sur abc-belarus.org.


L’ABC Biélorussie demande aux amis et camarades de l’étranger un soutien financier urgent, pour poursuivre la lutte contre la dictature et aider les prisonniers, clandestins ou victimes de violences policières.

Voila plus de trois mois que les biélorusses luttent contre un régime autoritaire. En vingt six ans de pouvoir, le dictateur Loukashenko a bâti un système dont un des objectifs a été de supprimer toute vie politique. Le coronavirus et un certain nombre de problèmes économiques ont considérablement changé la donne dans le pays, et en quelques mois, les biélorusses ont appris à s’auto-organiser. Les élections présidentielles ont été déclencheur des plus grosses manifestations de l’histoire du pays ! Mais le tyran ne souhaite pas quitter son trône. Au moins cinq personnes ont été tuées, certaines dans des circonstances étranges. Des milliers ont été battus, blessés et mutilés par la police. Plus de quinze mille ont été détenus et condamnés a des peines administratives. Plus de cinq cent poursuites pénales ont été initiées. Au moins deux cent personnes attendent leur procès dans une cellule en préventive, dont au moins quatre anarchistes et quatre antifascistes.

Depuis les premiers jours du soulèvement, les anarchistes ont activement participé aux manifestations et ont été à l’origine de multiples initiatives. Les activistes luttent pour l’auto-organisation et la décentralisation du mouvement de protestation. Certains ont mis en place des groupes partisans. La détermination et la persistance du mouvement anarchiste au sein du pays nous a permis de devenir une des forces politiques les mieux organisées dans la lutte contre la dictature.

Mais les anarchistes sont aussi dans le collimateur des forces répressives. Certains camarades ont dû quitter leur travail et passer en clandestinité. Sans moyens et sans logement, ils vivent entièrement de la solidarité de leurs camarades ! Nos ressources étant faibles, nous sommes dans l’obligation de demander de l’aide financière à nos camarades et amis à l’étranger. Nous avons urgemment besoin d’argent, et nous apprécierons toutes les contributions, petites ou grandes !

Actuellement, nous avons besoin d’aide pour :
-Louer des logements sûrs, des lieux de réunion et d’autres infrastructures ;
- Acheter du matériel de manifestation (mégaphones, talkie-walkies, équipement individuel, kits médicaux…) ;
- Imprimer des tracts, autocollants, brochures ;
- Soutenir celles et ceux qui sont passés en clandestinité et n’ont plus de revenu ;
- Soutenir les victimes de violences de la part de la dictature.

Nous appelons nos camarades de par le monde à soutenir le mouvement anarchiste biélorusse. En participant à cette campagne, vous n’aiderez pas uniquement les anarchistes, mais également le désir de la population biélorusse de se libérer de la dictature !
Faites circuler cette campagne parmi vos amis et camarades, nous avons besoin de votre aide !

Lien de la campagne de financement via Firefund :
https://www.firefund.net/belarus

P.-S.

Nous précisons que cette campagne n’aidera pas à payer les frais de justice et les avocats. Pour ce genre de contribution, nous vous proposons de donner à l’ABC Biélorussie via abc-belarus.org.

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Vidéoconférence avec des membres du collectif Stop Bzdurom (Stop Bullshit) sur la répression contre les LGBTQ+ en Pologne (le 11 août à l’ancienne gare de Luméville)

D’après une étude de l’ILGA de 2020, ce qu’on appelle la Pologne est devenue le pays le plus homophobe d’Europe. Mais pour n’importe quelle personne LGBTQ+ qui y vit, ce n’est pas surprenant. On a vu une montée des politiques homophobes et transphobes depuis que le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir en 2015, et elles ont culminé avec la dernière élection présidentielle. Le président sortant d’extrème droite a été réélu après avoir mené une campagne ouvertement ultra-homophobe qui a donné le ton aux élections présidentielles. On peut apprendre dans cette campagne que les personnes LGBTQ+ ne sont pas des personnes, mais juste une idéologie, qu’ielles détruisent les familles polonaises, et des centaines de tonnes d’autres conneries. Pour les segments les plus fascistes et conservateurs de la société, c’était un signe clair que les comportements haineux et dicriminatoires envers les LGBTQ+ avaient maintenant un soutien total des plus hautes autorités du pays.

Dans le même temps, certaines autorités départementales ont commencé à mettre en place des soi-disant « zones anti-lgbt » dans leur jurisdictions, des sortes de restrictions des lois qui sont en théorie fondées sur la protection des familles polonaises, mais créent en réalité des zones où les communautés LGBTQ vivent de très fortes oppressions, de la part du gouvernement d’une part et de la part de la société d’autre part. Les « zones anti-LGBTQ » sont apparues sur un tiers du territoire du pays. En même temps que ces évènements, des voitures portant de grandes banderoles et des mégaphones sont apparues dans certaines villes. On peut y lire ou y entendre que les personnes lgbtq sont en fait des pédophiles, ou que les personnes qui se battent pour l’avortement veulent « sexualiser » les enfants polonais (sic!).

Le 27 juin 2020, à Varsovie, l’une de ces voitures a été détruites. Ce n’était pas la première fois que quelqu’un exprimait sont désaccord avec la propagande homophobe que ces voitures propagent. Le jeune collectif anarcha-queer appelé « Stop Bzdurom » (Stop Bullshit) est particulièrement connu pour son action contre ces voitures et contre les organisations qui les financent (« Foundation Pro »). Iels se décrivent elleux-mêmes comme « travaillant pour les LGBTQ+ – intelligent.e.s, instruit.e.s, courageux.ses, et avant tout, influent.e.s. Ce qui nous différencie des autres groupes LGBTQ+ de Pologne, ce sont nos tronches sans gêne, notre manière de n’éprouver aucun regret, et nos méthodes dont ni TVP.info (chaîne d’ »information » liée au gouvernement), ni aucun autre connard de droite n’oserait rêver. Tout ce qu’on fait ici répond à la colère face aux actions cruelles, violentes et mal conçues des fanatiques. »
Ce ne fut donc pas une surprise quand le 14 juillet, tôt le matin, la police a perquisitionné un appartement où vivait une personne du collectif. Les policiers ont brutallement sorti Margot de son appartement (en pyjama, sans chaussures, sans chaussettes et sans pull) et l’ont jeté dans une voiture banalisée, tout en l’insultant et la menaçant de mort, la traitant de pédé et de tocard. La militante a été retenue toute la nuit et relâchée le jour suivant par le tribunal, sans détention. Elle a maintenant besoin de soutien financier pour elle-même et pour d’autres personnes en danger, ainsi que pour les actions à venir de son collectif.

Pour l’instant, Margot et son collectif ont besoin d’environ 4000 euros pour les avocats et 4000 euros pour la campagnes queer qu’iels veulent commencer le mois prochain. Tous les fonds récoltés au-dessus de ce montant seront donnés à l’Anarchist Black Cross polonaise, et à des activités anti-répression. Pour soutenir, des gens ont décidé de faire une vidéoconférence avec des gens de Stop Bzdurom, et un repas de solidarité à l’ancienne gare de Luméville pour récolter des fonds. Ca se passera le 11 août.

C’est aussi possible de faire des dons individuels. On peut trouver des informations sur comment donner, et sur Stop Bzdurom sur le site internet :
stopbzdurom.pl/help-us

On aimerait aussi t’encourager à exprimer ta solidarité de la manière qui te convient.

Planning de la soirée, le 11 août à l’ancienne gare de Luméville :

19h – repas
20h – vidéoconférence
Après la conférence – Projection du film « Tu nie chodzi o ludzi » (Il ne s’agit pas de personnes) C’est un montage d’assemblée des autorités départementales polonaises pendant les débats sur les lois des « zones anti-LGBTQ ». C’est intéressant mais horrible pour du cinéma.

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Lettre d’Alfredo Cospito

Contribution à l’occasion des 3èmes journées anti-carcérale à Bure du 2 au 8 mars 2020

Nous publions ci-dessous un texte d’Alfredo Cospito, qui nous a été envoyé de la prison de haute sécurité de Ferrara (Italie) En tant que membre de la guérilla urbaine informelle FAI-FRI, Alfredo est notamment accusé d’avoir tiré dans les jambes de Roberto Adinolfi, le chef de l’agence nucléaire d’État, en 2012 – un an après Fukushima. La même année, il a été arrêté avec un autre compagnon et condamné à 20 ans de prison, en avril 2019.

Même si nous ne partageons pas la pratique politique des FAI-FRI et que la lutte armée est loin de la réalité quotidienne de notre résistance contre un stockage nucléaire à Bure, nous souhaitons mettre ce texte à disposition comme contribution au débat. Il importe peu que nous partagions les vues d’Alfredo en détail. En tout cas, le texte aborde quelques questions importantes concernant la stratégie du mouvement dans notre lutte (comme la diversité des tactiques), la perspective révolutionnaire dans l’ensemble du mouvement antinucléaire et semble donc être une base de discussion appropriée. Nous considérons également qu’il est primordial de donner une place à la voix des camarades que l’État nucléaire et ses vassaux tentent de faire taire de toutes leurs forces.

Anarchiste Bure Cross, mars 2020

Contribution aux journées anti-carcérale à bure.

Dans l’écrit suivant, bien que votre initiative soit une initiative anti-carcérale, je ne mentionnerai que brièvement ma situation actuelle de prisonnier anarchiste. Pour deux raisons : la première est que je ne veux pas manquer l’occasion de m’exprimer sur la lutte de « Bure », sachant que beaucoup d’entre vous participent à cette lutte et que je la ressens comme la mienne ainsi que toutes les luttes contre le monstre nucléaire. L’autre raison est que je veux souligner le fait que lorsque l’un de nous se retrouve à l’intérieur, la meilleure façon de résister est de continuer les luttes pour lesquelles on s’est retrouvé « enchaîné » et vous me donnez cette opportunité. Je ne sais pas grand-chose de la situation de la lutte carcérale en France. Je pourrais donc dire des bêtises, c’est pourquoi je joins ma contribution à une réunion anti-carcérale qui se déroule ces mêmes jours à Naples en Italie, peut-être que les choses ne sont pas si différentes de nous, et les mêmes considérations (à la distinction des faits) peuvent aussi s’appliquer à vous. Je vous remercie beaucoup pour cette opportunité que vous me donnez.

C’est un grand honneur pour moi (terroriste anarchiste actuellement détenu dans une cellule d’une prison italienne) de contribuer par un écrit (bien que modeste) à votre lutte, que je ressens également comme la mienne. Je commence par me présenter, il y a 8 ans j’ai tiré dans les jambes du PDG d’Ansaldo nucléaire, concepteur et constructeur de centrales nucléaires. Il est bon de savoir que l’Italie, même si elle n’a pas de centrales nucléaires, les exporte en toute tranquillité vers des pays comme la Roumanie, la Croatie, l’Albanie… L’objectif de cette action était de revitaliser le mouvement antinucléaire en Italie, en donnant une accélération agressive à la lutte contre le système techno-industriel. Par une action « retentissante », nous voulions montrer que les anarchistes pouvaient frapper dans la « chaire vivante » l’un des principaux responsables de la relance de l’énergie nucléaire dans « notre » pays. Pour une fois, nous ne nous sommes pas « limités » à la seule action destructrice contre les choses, mais nous avons pris une autre direction en frappant directement les responsables de la destruction de « notre » planète. Nous avons revendiqué cette action avec l’acronyme « Nucleo Olga (FAI-FRI) ».

Nous voulions rendre les différentes perspectives évidentes dans leur faisabilité et stimuler une plus grande ouverture aux différentes formes et pratiques de l’action écologique anarchiste. Refuser le tabou selon lequel seules les actions contre les choses pourraient avoir une justification. Remettre en cause la conviction absurde de l’inviolabilité absolue de la vie humaine, même celle de ceux qui, au nom de la science du progrès, font des massacres. L’objectif n’a été que marginalement atteint (même s’il a fait réfléchir de nombreux-ses compagnon-nes) parce que la pratique de l’action « multiforme » n’a pas encore été pleinement comprise (du moins ici en Italie) et d’autant moins pratiquée dans toute sa potentialité et que de nombreux préjugés subsistent encore. Beaucoup de gens voient (aujourd’hui encore) une opposition entre des actions revendicatives et des actions non revendicative, entre des barrages « pacifiques » et des affrontements de rue, entre des attaques contre des personnes et des attaques contre des choses, entre l’utilisation d’acronymes persistants pour donner une continuité (comme FAI-FRI) et d’acronymes temporaires… Peu de gens se rendent compte que toutes ces pratiques ont leur propre raison, leur propre but spécifique et ne sont pas nécessairement en conflit les unes avec les autres. Et dans certaines situations (comme à Bure), si elles sont pratiquées sans préjugés, elles se complètent et deviennent réellement efficaces, dévastatrices et désorientent le pouvoir. Ceci, bien sûr, si on ne crie pas à l’«excommunion » lorsqu’une action va plus loin, frappant plus fort. Ce sont toutes des pratiques qui, si elles se poursuivent en parallèle, sans se contredire et sans s’opposer les unes aux autres, peuvent faire la différence, atteindre l’objectif. L’absence de l’une de ces pratiques affaiblit la force de toutes. L’important est qu’elles contiennent le rejet de toute contamination institutionnelle, sinon cela devient une acceptation du système, seulement des palliatifs contre-productifs. Une lutte spécifique sur un territoire circonscrit comme celui de « Bure » peut être renforcée non seulement par des actions dans le reste du pays mais plus loin encore. Il suffit de penser à cette sorte d’ « internationale noire » qui, sans avoir besoin d’une organisation centralisatrice, a prouvé à maintes reprises qu’elle avait la force de soutenir « nos » luttes de l’extérieur (des quatre coins du monde). Je ne me lasserai jamais de le dire, au risque de devenir répétitif, nous les anarchistes, nous avons une arme puissante d’une efficacité extraordinaire dans sa simplicité : le « groupe affinitaire». Des compas lié-es par une profonde affection et confiance qui décident de passer à l’action, de frapper et de rentrer sain et sauf, puis de frapper à nouveau. Le « groupe affinitaire» lorsqu’il se fait « groupe d’action » trouve son sens le plus fort dans l’action illégale, destructrice et risquée. Ces groupes ne dépendent pas des assemblées plénières, ils sont autre chose, ils n’ont rien à voir avec l’organisation, ils vivent de gestes libérateurs, destructeurs et peuvent devenir vraiment dangereux pour le système. Surtout lorsqu’elles n’incluent pas le mépris ou la supériorité envers les gens et leurs assemblées de lutte. Lorsque l’action individuelle ou de petits groupes n’est pas antagoniste à la lutte « populaire », elle la renforce, elle la pousse plus loin. L’action violente et armée n’est qu’une partie (importante) de la vie d’un-e anarchiste, et il n’y a rien de contradictoire à se retrouver après avoir agi aux côtés des « gens » dans une assemblée pour avoir son mot à dire, ou sur une barricade ou un blocage routier, la seule chose à éviter a priori c’est le dialogue avec le pouvoir, avec les institutions. Mais ces constatations sont inutiles, car c’est précisément de France que sont venus ces dernières années des exemples très clairs de mise en pratique de l’ « informalité » et de l’action directe généralisée. Les nouvelles des actions menées dans votre région du monde nous parviennent constamment (même à l’intérieur de ces quatre murs), nous donnant des idées et nourrissant notre enthousiasme. Je conclus ce discours en vous disant que même en Italie, il existe des dépôts épars de déchets nucléaires, ces dernières années l’État a décidé de les rassembler tous sur un seul site. Dans le passé, il y a eu des tentatives pour arrêter le transport de déchets, par exemple dans la région du Val di Susa, les déchets venaient de France. Je suis convaincu que votre exemple sera important pour nous aussi. Il est clair pour tous qu’il s’agit d’une lutte pour la survie non seulement de notre espèce, mais de la vie même de « notre » planète, la nature risquant jour après jour d’être « monstrifiée ». La science et la technologie nucléaires bouleversent l’ordre chaotique de la nature depuis ses fondements. Nous n’avons pas beaucoup de temps et si nous voulons vraiment changer les choses et inverser ce processus autodestructeur. Nous ne devons pas, et surtout, nous ne pouvons plus fixer de limites à l’action, nous devons surmonter les craintes et abandonner les scrupules et foncer.

Alfredo Cospito

Février 2020

Pour lui écrire :

Alfredo Cospito

C. C. di Terni
strada delle Campore 32
05100 Terni
Italia – Italy

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Bilan de la semaine anticarcérale

Un grand merci à toustes d’être venu à la semaine anti-carcérale organisée par l’Anarchist Bure Cross à la Gare de Luméville ! On s’attendait à beaucoup moins de gens et le soleil de la Meuse n’était pas vraiment au rendez-vous, désolé à celleux pour qui ça faisait vraiment trop de monde dans un petit espace.  Merci au collectif Klekta pour le matos de traduction !

Niveau flics, il y avait des contrôles dans les environs, des points de contrôle fixes et des réquisitions, et quelques gardes à vue pour refus de signalétique où les personnes sont sorties sans suite. Un arrêté préfectoral plutôt comique (en bas de l’article).

On publira bientôt les lettres de personnes en prison qu’on a reçu pour la semaine et les traductions qui ont été faite à l’occasion.

Solidarité aux mouvements de prisonnier-es en lutte en Italie !       [lien : https://attaque.noblogs.org/post/2020/03/09/modena-italie-sur-la-revolte-et-le-massacre-dans-la-prison-de-modena/]

 

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Semaine anti-carcérale : programme / infos pratiques (mis à jour le 29/02)

La semaine anti-carcérale est dans moins d’un mois ! Elle aura lieu du 2 au 8 mars 2020 dans l’ancienne gare de Luméville, près de Bure, lieu d’une lutte contre un projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires.

L’idée est de prendre le temps de se rencontrer, entre personnes et groupes de différents pays, d’avoir des moments formels et informels de discussions, des ateliers, des projections de films, des lectures. Vous pouvez venir à la semaine avec vos propres propositions, en nous informant à l’avance ou non. Les infokiosques sont également les bienvenus.

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Kévin est sorti-e de prison !

Aujourd’hui (18 février), Kévin vient d’être libéré-e de prison ! Iel était incarcéré-e depuis en juillet 2019 au centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville pour non-respect de son contrôle judiciaire, dans le cadre de l’enquête d’instruction pour association de malfaiteurs. Après sept mois de détention provisoire, iel est enfin sorti-e ! Iel reste cependant en contrôle judiciaire.

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Situation légale pour la semaine anti-carcérale

Salut,

Avec la semaine anti-carcérale qui arrive dans moins d’un mois, on pensait faire un petit point sur la situation légale autour d’ici. À cause du contexte particulier de l’endroit et de l’évènement, on pense que c’est important que tout le monde soit au courant des risques que peut impliquer le fait de venir ici.

Depuis 2017, un esquadron de gendarmes mobiles est présent en permanence sur la zone pour surveiller les opposants au project Cigéo (voir cette page pour plus d’informations sur le projet). Les flics patrouillent régulièrement la route qui mène au lieu de l’évènement, ainsi que la plupart des routes des villages autour. Parfois lors des évènements, ils font aussi des contrôles routiers statiques à certains endroits.

L’endroit de l’évènement – l’ancienne gare de Luméville – est un endroit légal, qui a été acheté par des opposants il y a des années, donc normalement les flics ne peuvent pas entrer. Cependant, dans l’histoire récente, ils ont envahi l’endroit à deux reprises. En 2017, une série de perquisitions a ciblé plusieurs lieux, dont le lieu de l’évènement, dans le cadre d’une enquête pour « association de malfaiteurs ». En 2018, l’endroit de l’évènement a été envahi par les flics, après une altercation avec des vigiles près de l’évènement – d’après les flics, des personnes ont frappé un vigile et jeté une pierre avant de revenir sur le lieu.

Plus plus d’informations sur ce qui peut se passer quand on est contrôlé par des flics français, depuis un simple contrôle d’identité jusqu’à la garde-à-vue et les procès, vous pouvez lire le brief légal dans le contexte de Bure (en français, anglais, italien, et allemand).

Un numéro de téléphone sera publié sur ce site web un peu avant l’évènement. Vous pourrez appeler ce numéro pour soit demander, soit fournir des informations sur l’activité des flics dans la zone.

Vous pouvez nous contacter si vous avez des questions ou des besoins spécifiques par rapport à ce sujet.

On va bientôt publier un nouvel article pour donner plus d’informations sur le programme de la semaine.

À bientôt,

L’Anarchist Bure Cross

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