Solidarité avec les personnes inculpées pour le sabotage de mâts de mesure éoliens

Le 18 janvier dernier, quatre personnes ont été arrêtées et accusées du sabotage de cinq mâts de mesure de projets d’éoliennes en Haute-Vienne, entre juillet et fin octobre 2022.  Elles ont été mises en examen pour « dégradations en réunion » et « association de malfaiteurs », et placées sous contrôle judiciaire avant procès : interdiction de communiquer entre elles, interdictions de territoire, obligation de verser une caution de 120 000€. Il y a eu un appel de cette décision, le résultat de l’audience du 9 mars dernier à Limoges aura lieu le 23 mars prochain. Il y a de fortes chances que l’une d’elles parte en détention provisoire !

À Bure, où nous luttons contre un projet d’enfouissement des déchets nucléaires, nous ressentons le besoin d’exprimer notre solidarité aux personnes inculpées, elles aussi opposées aux ravages d’une société capitaliste imposant des énergies industrielles, qu’elles soient nucléaires ou éoliennes, pour faire fonctionner un système régit par le fric et l’exploitation.

Au moment de Fukushima, le développement de ces énergies était mis en avant en France pour permettre la sortie progressive du nucléaire. Avec Macron, depuis les discours de relance du nucléaire fin 2021, les masques tombent ! Plutôt qu’une transition, il s’agit bien d’une expansion énergétique. Cette industrie participe à l’exploitation des populations en Mongolie et en Amérique du Sud* en les faisant travailler dans les mines pour extraire les ressources nécessaires à la production d’énergies dites renouvelables, en omettant de dire que ces extractions recourent au pétrole. Les énergies estampillées « vertes » ne sont toujours qu’une industrie néo-coloniale au service des entreprises qui en tirent profit. C’est en effet un business juteux pour les multinationales qui, par l’installation d’éoliennes et de centrales photovoltaïques, bénéficient du système de compensation carbone, et peuvent de ce fait continuer de polluer ailleurs (principe du pollueur-payeur)**.

Qu’elle soit nucléaire ou éolienne (ou encore charbonnée, photovoltaïque, hydro-éléctrique, gazière..), cette augmentation de la production énergétique permet surtout de soutenir la production capitaliste et de renforcer l’idée que nous pouvons continuer une croissance technologique et industrielle mortifère.

Tout comme l’occupation de l’Amassada (2014-2019) en Aveyron, la semaine d’actions décentralisées contre EDF et RTE en janvier 2020, les sabotages d’antennes 5G et d’antennes-relais revendiqués contre le système capitaliste de production d’énergie : nous soutenons les personnes accusées de sabotages de mâts de mesure d’éoliennes en Haute-Vienne, qu’elles soient coupables ou innocent-es, car ces actions sont un souffle de résistance contre l’absurdité de ce monde autoritaire.

Nous ne voulons pas de transition : sortons de la surconsommation énergétique, multiplions les attaques, détruisons le capitalisme et ce qui le nourrit !

 

Notes :

* « [La réalisation des éoliennes industrielles] demande plusieurs années de travaux, des défrichements massifs, l’élargissement des routes et pistes existantes pour faire passer des pièces plus grosses que celles d’un Airbus. 2000 tonnes de béton sont coulées dans le sol pour chaque mât, la fondation de 200m3 est d’un volume équivalent à celui d’une piscine olympique. Chaque éolienne contient 600kg de terres rares, essentiellement du néodyme. L’exploitation et le raffinage de ce métal se fait principalement dans la ville de Baotou (en Mongolie Intérieure), surnommée « la ville du cancer ». Les rejets chimiques de cette industrie ont pollué toute la région : l’espérance de vie est désormais de 40 ans et la radioactivité est deux fois supérieure à celle mesurée à Tchernobyl. Chaque éolienne contient également plus de 4 tonnes de cuivre extrait dans les gisements d’Amérique du Sud où des villages entiers sont expropriés par les forces armées pour permettre aux firmes occidentales d’exploiter la richesse du sous-sol et la vie des ouvriers. Pour verdir ici, on noircit là-bas. » Plaidoyer contre les éoliennes industrielles (Amassada, 2019)

** Sur le principe de compensation carbone, voir les films Les Dépossédés (Antoine Costa, 2016) et Pas Res Nos Arresta (Amassada, 2017)

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